Hippiatrie, 110 x 120 x 360 cm, Bois de tilleul et porcelaine, 2018 (Château de maison Laffitte - exposition "Loup y es-tu? Bestiaires et méthamorphoses")
Cedric Le Corf est né en1985 à Bühl (Allemagne). Diplomé en 2009 avec félicitations du jury et mention de l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne de Lorient (France), il vit et travaille à Berlin et en Bretagne sur l’île de Groix. Actuellement, il est résident de l’Académie des Beaux Arts de l’Institut de France à la Fondation Dufraine à Chars dans le Val d’Oise.
Le paysage anatomique d’après les planches de Jacques Fabien Gautier d’Agoty s’est imposé au fil du temps comme le sujet de son travail.
Peu à peu l’homme dépecé se métamorphose en homme paysage. L’homme, l’arbre et la terre ont en commun de posséder tous trois une écorce et donc de pouvoir être écorchés. Un corps disséqué n’est-il pas aussi une vaste étendue paysagée aux multiples accidents, de plissements et de crevasses ? La moindre rugosité osseuse n’est pas sans rappeler les paysages rocheux de Patinir ; le réseau veineux, artériel ou nerveux irrigue telles des rivières et des fleuves les plaines et les estuaires ; les muscles, glaise de la Genèse, modèlent gorges et tertres.
Se servant de cette métaphore, il emploie des racines végétales comme élément paysagé pour y imbriquer os, vertèbres ou rotule en porcelaine. La racine dans son sens étymologique est en effet une partie d'un élément implanté dans un autre, ne dit-on pas la racine d’une dent, d’un cheveu, la racine dorsale. Il oppose ainsi l’élément brut du chaos à la maîtrise de la création, l’aspérité au poli, la décomposition à l’inaltérable, la pérennité de l’art à l’homme éphémère.
Imprégné de l’héritage rhénan et armoricain, confronté au pathos de Grünewald, de Baldung Grien, des pendus « Des misères de la guerre » de Jacques Callot à « l’Ankou », des danses macabres de Kernascléden où l’animé et l’inanimé se côtoient, jusqu'à l’horreur des charniers de Sobibor, il essaie, en s’attachant au motif, de faire sourdre de sa substance la sculpture, la peinture ou la gravure que le sujet recèle.
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Cedric Le Corf ist 1985 in Bühl/ Baden geboren. Er erwarb 2009 mit Auszeichnung seinen Master an der l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne von Lorient und lebt und arbeitet in Berlin und auf der Insel Groix in der Bretagne. Augenblicklich hat er ein Residenzstipendium der Académie des Beaux Arts des Institut de France in der Fondation Dufraine in Chars im Val d’Oise.
Die Auseinandersetzung mit den anatomischen Tafeln des Kupferstechers Jacques Fabien Gautier d’Agoty hat ihn im Laufe der Zeit zur anatomischen Landschaft als Leitmotiv seiner Arbeit geführt.
Nach und nach wird aus dem zerlegten Menschen der Mensch Landschaft. Mensch, Baum und Erde besitzen als gemeinsames Merkmal eine Haut, Rinde, Kruste und können also enthäutet, entrindet, entkrustet werden. Ähnelt ein sezierter Körper nicht einer weiten, hügeligen Landschaft mit Falten und Spalten? Die geringste knöcherne Unebenheit lässt an die Landschaften Patinirs denken; Venen, Arterien und Nervenbahnen irrigieren wie Flüsse Ebenen und Delten; die Muskeln, Lehm der Schöpfung, modellieren Schluchten und Hügel.
Er bedient sich dieser Metapher und benutzt gewachsene Wurzeln als Landschaftselement, um darin Knochen, Wirbel und Gelenke aus Porzellan einzulassen. Wurzel bedeutet gleichzeitig Ursprung und Ansatzpunkt, so sprechen wir von Zahnwurzel, Haarwurzel oder Nervenwurzel. Ich konfrontiere also das rohe Element der Natur mit der Vollkommenheit der künstlerischen Schöpfung, das Raue mit dem Polierten, die Zersetzung mit dem Beständigen, die Konstanz der Kunst mit der Vergänglichkeit des Menschen.
Fasziniert von den rheinischen polychromen Skulpturen und konfrontiert mit dem Pathos eines Grünewalds oder Baldung Griens bearbeitet er Leinwand, Zink und Holz. Vom anatomischen Körper bis zu den dahingeschiedenen Geliebten begegnen sich Leben und Leblosigkeit im Totentanz. Er geht ganz in dem Motiv auf und versucht daraus das in ihm enthaltene Bild, die Grafik oder Skulptur entstehen zu lassen.
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Cédric Le Corf was born in 1985 in Bühl (Germany). A graduate with honours from the École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne de Lorient (France), he lives and works in Berlin and in Brittany, on the Isle of Groix. At this time he is in a artist residency from the Académie des Beaux Arts - Institut de France - Fondation Dufraine in Chars (Val d’Oise).
Over time, the anatomical landscape, inspired by Jacques Fabien Gautier d’Agoty’s medical charts, came to form the main subject of his work.
Gradually, the dissected man turns himself into a human landscape. Man, trees and the earth share the common feature of possessing a bark – an écorce –, and all three may be peeled out of their skin as an écorché. A desiccated body is also a expansive landscape, marked with various undulations, orogenies, and cracks. Each rough, bone-like surface recalls Patinir’s rocky landscapes. Like a river, the venous, arterial or nervous network irrigates plains and estuaries; like clay in the Genesis, muscles are worked up into gorges and buttes.
Following this metaphor, Cédric Le Corf uses vegetal roots as a landscape in which he intertwines porcelain bones, vertebras or kneecaps. In etymological terms, a root is indeed the part of an element set up in another – as in dental root, hair root, or dorsal root. Confronting the raw element of chaos to the mastery of creation, roughness to smoothness, decay to inalterability, the permanence of art to the transience of humankind.
Steeped in a Rhineland and Armorican heritage, confronted with the pathos of Grunewald, Baldung, Grien, of the hangmen from Jacques Callot’s Les Grandes Misères de la guerre to the Ankou presiding over the dance of death in Kernascléden’s church, where the animate meets the inanimate, up to the horrors of Sobibor, Cédric Le Corf tries, following the motif, to make sculpture, painting or etching, seep out from their substance.